Le contraste entre la croissance aux Etats-Unis et la zone euro va-t-il influer sur la chronologie de la baisse des taux directeurs ?

Fin 2023, le contraste entre le dynamisme de la croissance américaine et la stagnation de l’activité en zone euro est resté patent. De son côté, la Chine a connu une croissance modérée au 4e trimestre (à l’aune de son évolution tendancielle) mais l’objectif de croissance annuelle fixé début 2023 par les autorités (5 %) a été très légèrement dépassé. Pour retentissante qu’elle soit, la liquidation du promoteur Evergrande ne devrait pas trop déstabiliser l’économie même si le secteur immobilier constitue le talon d’Achille de l’économie chinoise depuis plusieurs mois.

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  • Les indicateurs de climat des affaires de janvier demeurent contrastés mais ils restent bons aux Etats-Unis et s’améliorent légèrement en zone euro. C’est aussi le cas dans la plupart des pays émergents dans l’industrie. 
  • Lors de leur première réunion de l’année, ni la Fed ni la BCE n’ont modifié leur taux directeur, ce qui en soit n’est pas une surprise. Les investisseurs pensaient qu’elles le feraient au printemps, avec un mouvement baissier prononcé d’ici fin 2024 (un peu moins de 150 points de base de part et d’autre de l’Atlantique). Ils sont en train de réviser ces anticipations, compte tenu de la robustesse de l’économie américaine. 
  • Les problématiques de la Fed et de la BCE diffèrent. Toutes deux sont confrontées à un taux de chômage bas qui peut être une source de maintien de la hausse des salaires à un niveau relativement élevé. Mais l’inflation « instantanée » (et non mesurée sur un an, une approche très dépendante des effets de base) est déjà revenue en zone euro sous les 2 %, qui est la cible de la BCE. A l‘inverse, la Fed doit intégrer dans son analyse le fait que l’économie américaine se montre plus que résiliente, avec le risque que cela ne conduise à une certaine persistance de l’inflation. En toute logique, la BCE pourrait donc être amenée à baisser ses taux directeurs avant la Fed. Mais avec des marchés financiers globalisés, cela pourrait peser sur l’euro, une dépréciation du change qui nourrirait alors l’inflation importée…. L’équation des banques centrales est donc complexe. Elles doivent aussi intégrer des aléas, dont le principal pour l’instant est le renchérissement du coût du transport maritime suite aux tensions en mer Rouge. La problématique du change influe aussi sur la Banque du Japon (BoJ) : avant de normaliser sa politique monétaire, la BoJ veut s’assurer que les salaires augmentent suffisamment pour maintenir durablement l’inflation autour de 2 %. D’un autre côté, elle ne veut pas donner l’impression qu’elle ne cherche pas à durcir sa politique monétaire, ce qui pourrait peser sur le yen.
  •  En début d’année les taux d’intérêt à long terme sont repartis à la hausse, avant de fléchir un peu fin janvier, au gré des révisions des anticipations des investisseurs en matière de politique monétaire. La révision des anticipations de baisse des taux directeurs les a de nouveau tirés à la hausse début février. Les Bourses ont bien résisté avec un CAC 40 au plus haut.