Turbulences financières – L'ActuÉco d'avril 2023

Après plus d’une décennie de politiques monétaires très accommodantes, synonymes de création de montants de liquidités considérables, le resserrement entamé fin 2021-début 2022 a été l’un des plus marqués jamais observé, sur fond de rebond spectaculaire et inattendu de l’inflation. Ce contexte est propice à des soubresauts dans la sphère financière.

  • #Etudes économiques
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  • Après plus d’une décennie de politiques monétaires très accommodantes, synonymes de création de montants de liquidités considérables, le resserrement entamé fin 2021-début 2022 a été l’un des plus marqués jamais observé, sur fond de rebond spectaculaire et inattendu de l’inflation. Ce contexte est propice à des soubresauts dans la sphère financière. Comme souvent le cycle financier ne suit pas totalement une logique cartésienne et est très fortement non linéaire. La faillite de la Silicon Valley Bank s’explique par des éléments de contexte économiques et financiers ainsi que par des éléments idiosyncratiques (Cf. Etats-Unis pour une analyse détaillée). La chute du Crédit Suisse, banque fondée en 1856, rachetée par UBS procède d’une logique que l’on retrouve dans beaucoup de crises financières. Les établissements considérés pour diverses raisons comme un maillon faible subissent des retraits massifs de leurs dépôts, ce qui rend impossible leur refinancement et provoque une crise de liquidité.
  • Pour circonscrire la contagion de cette crise et s’appuyant sur l’expérience tirée de la crise financière de 2008, les banques centrales ont mis en place plusieurs instruments : la Fed a notamment créé un nouveau programme d’accès à des liquidités pour les banques, un accord a été trouvé entre la Fed et les autres grandes banques centrales pour des accords de swap visant à garantir l’accès à des financements en dollars, la Banque nationale suisse a garanti une mise à disposition étendue de liquidités à UBS pour le rachat de Crédit Suisse. Par ailleurs, les gouvernements et les banques centrales n’ont cessé de répéter que les systèmes bancaires étaient aujourd’hui beaucoup plus résilients aux chocs macroéconomiques et financiers, grâce aux différentes contraintes réglementaires mises en place après la crise financière de 2008.
  • Alors que les valeurs bancaires avaient beaucoup souffert en Bourse pendant deux semaines, ces annonces ont semblé rassurer les investisseurs fin mars. Ces derniers avaient revu drastiquement à la baisse leurs anticipations de taux directeurs des banques centrales à partir de la mi-mars (de l’ordre de 100 points de base à l’horizon de début 2024 pour la Fed et la BCE, anticipant même un début d’assouplissement monétaire outre-Atlantique au début de l’été). Les taux d’intérêt à long terme ont dès lors nettement reflué. Si l’on fait l’hypothèse que les turbulences financières se calment, ces ajustements sont sans doute excessifs. Les banques centrales ont d’ailleurs continué à augmenter leurs taux directeurs en pleine tempête. Il est cependant probable qu’elles abaissent un peu leur taux terminal par rapport à ce qui était encore prévu il y a un mois.
  • Cela s’expliquerait notamment par le fait que le durcissement des conditions financières pourrait quelque part prendre le relais du resserrement monétaire, comme l’ont suggéré C. Lagarde et J. Powell. Les banques centrales vont aussi regarder de près la trajectoire de l’inflation. Si celle-ci montrait des signes plus marqués de décélération dans les mois à venir, cela leur faciliterait la tâche.

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