De la croissance… jusqu’à quand ?

Alors qu’une récession paraissait presque inéluctable il y a quelques mois, au moins en Europe, les chiffres d’évolution de PIB pour le premier trimestre rassurent. La réouverture de l’économie a permis à la Chine de renouer avec la croissance. La zone euro a enregistré une petite progression du PIB, tout comme la France. Aux Etats-Unis, la hausse du PIB a un peu déçu (conséquence d’une contribution négative des stocks) mais la consommation tient bon.

  • #Etudes économiques
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  • Quelques interrogations demeurent néanmoins. Tout d’abord la dichotomie persiste dans les enquêtes sur le climat des affaires entre les services (où elles affichent une tendance plutôt haussière depuis le début de l’année) et l’industrie où l’activité peine à se redresser malgré la normalisation des conditions de production. Ensuite, les facteurs de soutien qui sont à l’origine de la résilience des économies ces derniers mois sont en train de s’estomper. Le taux d’épargne des ménages américains se normalise après que ces derniers ont consommé la « surépargne » accumulée pendant la crise sanitaire. En Europe, les finances publiques ressortent détériorées par rapport à l’avant crise sanitaire, ce qui a minima limitera l’action des politiques budgétaires dans les mois à venir (cf. la dégradation de la France par Fitch). Par ailleurs, les marchés du travail sont toujours bien orientés malgré l’affaiblissement de la croissance depuis le printemps 2022. L’évolution de l’emploi et du chômage pourraient néanmoins davantage s’aligner sur une activité ralentie après le rattrapage post Covid que l’on vient de connaître dans certains secteurs. Enfin, le reflux des prix de l’énergie depuis l’automne dernier a joué un rôle incontestablement positif, surtout sur les économies européennes. La situation géopolitique est toutefois telle aujourd’hui que l’on ne peut totalement exclure de nouvelles tensions sur ces marchés. 
  • Les dernières données sur l’inflation montrent que celle-ci reste forte (sauf en Chine) mais avec des signes de décélération. Hors énergie le mouvement est lent mais la décrue du coût des inputs commence à se diffuser vers l’aval. En Europe, pour la première fois depuis des mois, la hausse des prix alimentaires a un peu ralenti en avril, ce qui est encourageant. 
  • Cela devrait conduire les banques centrales à interrompre leur resserrement monétaire à mi-année. La Fed semble exclure une nouvelle hausse de taux sauf si l’inflation restait trop vive, trop longtemps. Les investisseurs anticipent même un recul du taux directeur dès le second semestre, ce qui suppose un net freinage de la croissance américaine. La BCE devrait encore procéder à une hausse de taux mais elle pourrait adopter une posture plus attentiste au second semestre. Les banquiers centraux veulent mesurer l’effet du cycle de hausse de taux sur la croissance et l’inflation qui prend forcément du temps, ce qui paraît sage. D’autant que de nouveaux soubresauts ont agité le secteur bancaire américain fin avril avec la faillite de la First Republic Bank, victime elle aussi de la fuite des dépôts de ses clients. Une nouvelle fois les autorités sont intervenues en facilitant son rachat par JP Morgan. En termes de taille d’actifs, 2023 est d’ores et déjà l’année pour laquelle les faillites bancaires aux États-Unis (trois au total jusqu’ici) ont été les plus importantes depuis le début des années 2000. Mais une faillite de banques n’est pas un événement rare outre-Atlantique : on en dénombre 564 depuis 2001…

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