Vers un resserrement monétaire plus marqué et des taux élevés pendant plus longtemps ?

Le mois de juin a été marqué par une grande fermeté des banques centrales. La Fed a fait une pause dans le relèvement de son taux directeur mais les projections de ses membres intègrent désormais deux hausses supplémentaires d'ici la fin de l'année.

  • #Etudes économiques
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  • De son côté, la présidente de la BCE a indiqué que la hausse des taux directeurs n’était pas terminée, constatant que les pressions salariales devenaient de plus en plus une source d’inflation. Enfin, la Banque d’Angleterre a relevé son taux directeur de manière plus marquée que ce qui était anticipé. Cette détermination des banques centrales tient au niveau encore élevé de l’inflation sous-jacente même si le reflux des prix de l’énergie a permis à l’inflation d’ensemble de nettement reculer. La cible de 2 % est encore trop lointaine avec toujours en filigrane le risque d’un désencrage des anticipations d’inflation (ce qui n’est pas le cas actuellement) qu’il serait très coûteux de contrecarrer. On peut noter que des banques centrales de pays émergents, comme la Banque du Brésil, sont dans une problématique similaire.
  • La lisibilité de l’environnement économique reste complexe, avec un resserrement monétaire d’une rapidité et d’une intensité rarement observées, ce qui rend plus délicate l’appréciation des délais de transmission, et des contre-forces (la quasi-normalisation des prix de l’énergie observée ces derniers mois) qui peuvent venir l’amortir. Par ailleurs, la conjoncture actuelle se caractérise par une résilience très étonnante des marchés du travail. Le point positif est un taux de chômage très bas et de nombreuses créations nettes d’emploi. Le problème est que compte tenu d’une activité économique plutôt molle, cela se traduit par une dégradation de la productivité « apparente » du travail. Comme les salaires ont accéléré du fait du contexte inflationniste, les coûts salariaux unitaires augmentent vivement aux Etats-Unis et encore plus en zone euro, ce qui est une source endogène d’inflation, d’autant que les entreprises ont pu passer dans leurs prix ces hausses de coûts.
  • Les derniers indicateurs économiques vont plutôt dans le sens d’un fléchissement de l’activité en zone euro. Aux Etats-Unis des indications de résilience sont toujours perceptibles, avec même des signes de rebond inattendus pour l’immobilier et l’investissement. En revanche, la Chine se caractérise toujours par une faible lisibilité de la dynamique économique. L’économie chinoise se distingue surtout par l’absence d’inflation. Enfin, le Japon poursuit une politique monétaire toujours ultra-accommodante malgré une certaine persistance de l’inflation. Le yen en ressort affaibli, ce qui modifie sensiblement la position concurrentielle des grands exportateurs mondiaux (dont la Chine).
  • Les banques centrales doivent ainsi naviguer entre deux risques. Trop durcir leur politique monétaire, ce qui conduirait à une dégradation marquée de la situation économique dans les mois à venir. Ou, au contraire, ne pas avoir la main assez ferme, au risque que la séquence inflationniste que nous vivons depuis environ deux ans se prolonge. En dépit des annonces et du « guidage des anticipations » destinées à fournir des éléments d’appréciation aux investisseurs sur les développements à venir, elles adapteront leurs décisions aux inflexions de l’environnement économique, tant du côté de la croissance que de l’inflation.

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