Résilience de l’activité au 3e trimestre mais les signes d’un net ralentissement à venir se multiplient - L'ActuEco de novembre 2022

Au 3ème trimestre, les chiffres de croissance montrent une certaine résilience de l’activité malgré les vents contraires qui soufflent sur l’économie mondiale (crise énergétique, incertitude géopolitique, resserrement monétaire en cours marqué).

  • #Etudes économiques
Lecture 2 min
  • On peut trouver au moins trois facteurs explicatifs à cette résilience. En Europe, la normalisation de la situation sanitaire au printemps et cet été a permis un redressement des activités de loisirs et du tourisme. Les gouvernements européens ont par ailleurs mis sur la table plus de 3 points de PIB pour protéger les ménages de la hausse des prix de l’énergie et préserver les entreprises. Outre-Atlantique, les ménages puisent dans la « surépargne » accumulée durant la crise Covid pour continuer à consommer. En Chine, la croissance du 3ème trimestre intègre un effet de base lié au confinement de plusieurs grandes villes au printemps et les soutiens publics ont été activés.
  • Les signes d’un ralentissement économique marqué fin 2022-début 2023 sont néanmoins nombreux. En zone euro, les indices de climat des affaires se situent à des niveaux qui annoncent une récession. Les perspectives de l’industrie allemande sont toujours très dégradées selon les chefs d’entreprise malgré un plan de soutien de 200 Md€ d’euros (plus de 5 points de PIB) annoncé par le gouvernement. Par ailleurs, le marché immobilier américain est en train de se retourner comme le suggèrent plusieurs indicateurs (ventes de maisons, la demande crédits), sous l’effet d’une vive remontée des taux hypothécaires. La problématique de l’immobilier reste aussi au cœur des difficultés de la Chine.
  • Le freinage de l’activité devrait participer à diminuer les pressions inflationnistes. Pour le moment celles-ci restent vives. Des signes de détente en amont sont néanmoins déjà perceptibles, concernant les prix des matières premières et le coût du transport maritime. Les prix à la production dans l’industrie aux Etats-Unis ont commencé à décélérer cet été et sont même revenus à une évolution quasiment nulle sur un an en Chine alors qu’ils affichaient une hausse proche de 20 % sur un an à l’automne 2021. Pour l’instant cette inflexion n’est pas perceptible en zone euro, suite à l’envolée du prix du gaz cet été. Cela constitue une source de perte de compétitivité considérable pour l’industrie de la zone euro malgré l’affaiblissement de l’ordre de 20 % de la monnaie unique contre le billet vert depuis mi-2021 De ce point de vue, la détente récente du prix du gaz sur le marché de gros européen constitue une bonne nouvelle même si l’incertitude concernant les approvisionnements subsiste pour les mois à venir.
  • A ce stade, malgré les risques de net ralentissement économique, le bras des banques centrales ne tremble pas. La BCE, la Fed et la Banque d’Angleterre ont de nouveau relevé leur taux directeur de 75 points de base lors de leur dernière réunion fin octobre/début novembre. Les investisseurs guettent toujours le moment où le discours des banquiers centraux va s’infléchir. Ils ont plutôt été déçus pour l’instant.

Actualités associées