D’une crise à l’autre - L'ActuEco de mars 2022

Alors que la crise sanitaire semblait s’estomper, un conflit majeur a éclaté entre la Russie et l’Ukraine. Cela a déjà eu sur le plan économique des conséquences très importantes sur les prix des matières premières, qui se sont envolés, et sur les marchés financiers qui ont connu de violentes secousses.

  • #Etudes économiques
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  • L’inflation s’était renforcée ces derniers mois sur fond de tensions dans l’économie mondiale. Elle est en train de changer de nature. Le choc extérieur généré par la guerre en Ukraine va constituer un prélèvement sur le revenu des pays importateurs. La consommation des ménages va s’en trouver freinée même s’ils tenteront de l’amortir en puisant dans leur épargne. De ce point de vue, la zone euro devrait être plus touchée que les Etats-Unis dont la balance énergétique est à l’équilibre et dont les importations d’hydrocarbures en provenance de Russie étaient bien plus limitées que celles de l’Europe avant la guerre. Par ailleurs, la chute des exportations vers la Russie et les effets de bouclage international vont inévitablement pénaliser le commerce mondial. Enfin, devant la montée des incertitudes, un choc de confiance pourrait aussi constituer un frein à la croissance.
  • Les yeux se tournent forcément vers les gouvernements et les banques centrales. A ce stade, il est cependant peu probable que leur action puisse être aussi efficace que lors du déclenchement de la crise du Covid. La crise sanitaire apparaissait comme une mise sous cloche d’économies qui étaient plutôt en bonne santé et qui devait être temporaire. Le renchérissement brutal des prix des matières premières consécutif à la guerre en Ukraine fait plutôt penser au premier choc pétrolier au début des années 1970 qui avait débouché sur une période de stagflation, c’est-à-dire la coexistence, inédite jusque-là, d’économies anémiées et de fortes tensions inflationnistes. Une différence peut-être aujourd’hui avec cette période est le mode d’indexation des salaires qui sont beaucoup moins connectés à l’inflation présente. Mais le coût économique peut dans ce cas être plus durable et en tout cas la prévisibilité beaucoup plus limitée. D’autant que les pays sortent de la crise sanitaire avec une dette publique élevée.
  • Fin 2021-début 2022, un tournant semblait se dessiner pour les politiques monétaires des grandes banques centrales. Toutes étaient sur la voie de la normalisation, avec des calendriers plus ou moins resserrés. Avec un monde où l’inflation était plus forte que prévu pendant plus longtemps alors que la plupart des économies avaient retrouvé leur niveau d’activité d’avant la crise sanitaire, cette nouvelle orientation des banques centrales paraissait tout à fait justifiée. Suite au conflit russo-ukrainien, les banques centrales pourraient tempérer leur resserrement monétaire malgré la vigueur de l’inflation même si la BCE n’a pas été en sens en mars. Il est probable néanmoins qu’elle finisse par se montrer plus prudente que la Fed, ce qui pourrait peser sur l’euro. Rappelons qu’après le premier choc pétrolier, la hausse des taux directeurs avait aussi contribué au ralentissement économique, aux Etats-Unis comme en Europe.

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