Et si l’inflation persistait… L'ActuEco de décembre 2022

Les derniers indicateurs économiques suggèrent toujours un ralentissement de l’activité à venir mais cette détérioration prend du temps à se matérialiser sous l’effet de plusieurs amortisseurs (consommation de la « surépargne » outre-Atlantique, soutien budgétaire en Europe).

  • #Etudes économiques
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  • Aux Etats-Unis l’indicateur avancé de la Fed d’Atlanta prévoit même une progression du PIB de 0,7 % au 4ème trimestre, bien supérieure au consensus. En zone euro, les indices PMI demeurent compatibles avec une légère récession mais ils ne se sont pas dégradés davantage en novembre. La croissance de l’économie allemande est même demeurée très honorable au 3ème trimestre alors que les perspectives des industriels étaient très sombres. Enfin, en Chine, la production industrielle était encore en hausse en septembre avant que la dégradation de la situation sanitaire ne conduise à de nouveaux confinements.
  • Du côté de l’inflation, le pic est clairement dépassé outre-Atlantique. C’est vrai pour les biens de consommation mais surtout en amont (prix à la production). D’une manière générale, la détente des prix des produits de base commence à se diffuser. Même en zone euro, la hausse des prix à la consommation mesurée sur un an s’est légèrement tassée en novembre en grande partie grâce au repli du prix du pétrole. Les moindres tensions sur les chaînes de valeur devraient aussi contribuer à tempérer la hausse des prix.
  • Les investisseurs veulent croire que ce mouvement de modération de l’inflation devrait conduire les banques centrales à modérer l’intensité de leur resserrement monétaire dans les mois à venir, avant que leurs taux directeurs n’atteignent un plateau au printemps 2023. Cela s’est traduit par un rebond des indices boursiers et une détente des taux longs ces dernières semaines. Déjà pendant l’été, les investisseurs avaient fait le pari d’une atténuation du resserrement monétaire face aux perspectives de dégradation de l’activité. Mais ils avaient été déçus et les marchés financiers avaient retrouvé une humeur plus sombre à compter de la mi-août.
  • Cela pourrait-il être de nouveau le cas dans les semaines à venir ? L’inflation va jouer un rôle crucial. Si le ralentissement économique était moins prononcé qu’attendu alors les effets de second tour (sur les salaires) pourraient se prolonger ce qui rendrait l’atterrissage de l’inflation plus lent et donc plus long, même si le pic serait dépassé. Dans un tel contexte, les banques centrales seraient sans doute obligées de porter leurs taux directeurs plus haut que ce qui est projeté aujourd’hui. Par ailleurs, la position de l’Europe risque d’être singulière. Le prix du gaz s’est nettement détendu depuis l’été. Mais son niveau sur les marchés de gros est encore plus de 5 fois supérieur à celui qui prévalait historiquement. La détérioration des relations entre l’Europe et la Russie risque d’effacer pour longtemps le gaz russe du marché mondial. Sans déconnection des prix de l’électricité et du gaz, la facture énergétique va rester très élevée même si elle n’augmente plus. Les coûts de production des entreprises s’en trouveront donc renchéris de façon durable. Les Etats seront-ils alors encore capables d’amortir ce choc dans un contexte où la dette publique va demeurer élevée ?

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