Pourtant, ses effets sont aussi terriblement néfastes pour nos sociétés et pour nos économies, peut-être même davantage que le dérèglement climatique. Il faut que les acteurs économiques prennent rapidement conscience du risque immense que fait courir cet effondrement à beaucoup de leurs activités. Il faut en prendre conscience comme nous l’avons fait pour le climat, mais beaucoup plus rapidement.
Ce n’est pas qu’un enjeu de responsabilité, c’est aussi un enjeu économique majeur : selon le fonds mondial pour la nature (WWF), la destruction du capital naturel coûte 500 milliards d’euros à l’humanité chaque année. Le rapport coordonné par Partha Dasgupta, professeur à Cambridge, à la demande du gouvernement britannique, nous indique que les bénéfices tirés de la nature ont déjà chuté de 40 % par habitant en 30 ans. Ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des conséquences très concrètes et déjà visibles pour de nombreux secteurs d’activités : c’est la perte d’habitat pour les pollinisateurs et l’impact sur toutes les formes d’agriculture, c’est la disparition des écosystèmes coralliens dont dépendent des centaines de millions de personnes dans le monde, ce sont des dommages en cascade sur les sols et l’eau...
Nous devons donc passer à l’action : de nombreuses entreprises ont conduit des études pour comprendre leurs impacts sur la biodiversité, et de nombreux moyens d’action sont déjà disponibles pour limiter ces impacts. Pour aller plus loin, l’enjeu est celui de la collecte et de l’analyse de la donnée pour comprendre l’ensemble de ces effets et généraliser la prise en compte de cette dimension dans toutes les décisions des organisations. Pour le secteur financier, on commence seulement aujourd’hui à avoir des outils de calcul solides alors que pour le climat, on est en mesure de le faire depuis quelques années déjà. On pourra bientôt orienter de façon systémique nos décisions en fonction de l’empreinte des activités sur le capital naturel.