- Les deux récentes dégradations de notation souveraine qu’a connu la France en 2023 et 2024 n’ont pas occasionné d’impact sur le spread de taux vis-à-vis de l’Allemagne. Cela n’est pas surprenant : par empirisme, en zone euro, les dégradations d’un cran de notation souveraine n’ont eu qu’un impact temporaire sur le spread. Seuls des cas spécifiques de changement de notation – dont la France est à ce stade préservée – semblent affecter de manière immédiate et durable les spreads (passage en notation high yield, dégradation simultanée de plus d’un cran de la notation par les agences).
- Le lien entre la notation d’un titre souverain et le niveau de spread est particulièrement étroit et reflète une appréciation homogène du risque entre les marchés et les agences. S’agissant de la France, la dégradation anticipée de la situation des finances publiques explique une part importante de la hausse des spreads depuis début 2022, bien que la taille du bilan de la BCE vienne limiter ces effets. Même si les résultats des modèles doivent être pris avec une certaine précaution, ils suggèrent que sans le dimensionnement actuel du bilan de la BCE, le spread français serait environ 30 bps plus élevé en référence à la situation du premier semestre 2024.
- La France a longtemps profité d’un statut d’emprunteur privilégié en raison de sa stabilité politique, de la crédibilité des politiques économiques et de son rôle d’influence dans les instances européennes. Toutefois, la prolongation d’une situation de déficit des finances publiques pourrait effriter progressivement ce privilège. Même dans un scénario économique “pré-législatives”, et en se basant sur les prévisions du FMI, un modèle (restrictif) basé sur les seuls fondamentaux économiques suggérerait une possible hausse du spread de la dette française par rapport à son niveau du début 2024.
- L’instabilité politique actuelle pourrait être un catalyseur de cette évolution et, de surcroît, la mise en question possible des politiques économiques de consolidation budgétaire augmente les risques de questionnement du statut de la dette française. A l’inverse, la clarification de la trajectoire financière par le gouvernement issu des élections et la réassurance sur les atouts traditionnels français (éducation, infrastructure, taille du marché) seraient susceptibles de rassurer les marchés.
