Incertitude commerciale : Une coda encore bien loin

  • Etudes économiques

Après 100 jours où le Président américain a instillé l’idée que tout devenait possible, quitte à mettre en branle des accords historiques, des prémices de compromis font jours depuis fin avril.

  • Avec principalement, la mise en place d’une période de négociation commerciale de 90 jours sur une grande partie des importations US mettant en suspens sur cette période les « droits réciproques ». Le dialogue débute :  l’UE envisagerait d'augmenter ses achats de produits américains et le Royaume-Uni a admis des concessions, tandis que la Chine cherche rapidement un accord au regard de l’ampleur des tarifs fixés. Sur le volet géopolitique, l’accord entre les US et l’Ukraine sur un vaste champ de minerais ukrainiens, est un signal clair pour le Kremlin. Dans ce contexte d’apaisement relatif, les bourses ont rebondi et les taux longs ont baissé. Ces dernières évolutions ne changent pas la trame de fond : les velléités d’isolationnisme américain vont être source de volatilité et d’incertitude encore un long temps. La coda est encore loin.
  • Les estimations de PIB au T1 ont confirmé les attentes : la morosité ambiante en zone euro semble bien s’installer. Sans quelques artéfacts statistiques irlandais, la croissance en zone euro (à +0,2%) serait en-deçà de son potentiel. Les évolutions sont toujours marquées : une croissance anémique en France (+0,1%) et en Allemagne après un repli au T4, un peu plus soutenue en Italie alors que l’Espagne évolue en soliste. L’économie américaine a, sans surprise, stocké énormément en important de la Chine et du Mexique en amont de la mise en place des barrières tarifaires. Suffisamment rare pour être souligné, la consommation des ménages ralentit assez franchement sur le trimestre. La croissance chinoise profite par symétrie de son commerce extérieur.
  • Les premières soft-data du monde post- « Libération-Day » ne permettent pas encore d’apprécier la magnitude du ralentissement, mais déjà quelques trajectoires. Les Etats-Unis débutent leur politique économique du funambule déjà en phase de ralentissement. La demande intérieure américaine devra composer avec des risques haussiers sur l’inflation et en conséquence une Fed prudente alors que le marché du travail n’est un plus levier de croissance. Il faudra espérer que les revenus soient en partie préservés par les recettes douanières et que les consommateurs américains se tournent vers leurs productions locales sans générer non plus de lourdes tensions (moins de « minimis » pour plus de services ?). Quelques signaux positifs en zone euro, quand même, les différents plans (armements, transformation allemande), un pétrole au plus bas, la maitrise de l’inflation et la normalisation des taux européens viendront contrepeser le ralentissement de la demande mondiale. En Chine, pour contrebalancer la raréfaction progressive de la demande américaine, les autorités chinoises ont renforcé leurs mesures de soutiens aux ménages. L’Union européenne devra donc trouver les accords pour préserver sa situation économique et militaire avec les Etats-Unis sans être l’unique réceptacle de la surproduction chinoise.

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