- Le relèvement des droits de douane américains, ajusté à la situation spécifique de chaque partenaire commercial, conduit ces derniers à un niveau inconnu depuis des décennies. Les pays vont sans doute riposter de manière différenciée (la Chine a déjà fait des annonces en ce sens) mais le jeu est clairement perdant-perdant. D’un côté, la remontée de l’inflation américaine qui risque d’en résulter peut mettre en péril la dynamique de l’économie américaine. De l’autre, le tassement des exportations vers les Etats-Unis et d’une manière plus générale les perturbations que va engendrer ce choc tarifaire sur les chaines de valeur mondiales vont peser à des degrés divers, selon l’importance des exportations vers les Etats-Unis pour chaque partenaire et selon son exposition au commerce international. La relocalisation des activités industrielles sur le sol américain, espérée par D. Trump, risque de prendre des années, voire de ne jamais intervenir si le marché américain est jugé trop incertain. Naturellement, comme cela a été le cas à plusieurs reprises depuis l’investiture du président américain, tout est réversible. Mais cela n’est pas certain non plus…
- En Europe, deux autres annonces majeures sont intervenues ces dernières semaines. Dans un contexte de perte de confiance dans leur partenaire stratégique américain et compte tenu de la menace russe jugée plus prégnante, les pays européens vont se réarmer. La Commission européenne a annoncé un plan qui pourrait permettre, selon elle, de dépenser jusqu’à 800 Md€ à l’horizon 2030. Les initiatives resteront toutefois à la main des pays membres. Par ailleurs, le futur chancelier allemand F. Merz a présenté au Parlement un plan massif d’investissement public qui comporte deux volets principaux. Tout d’abord, la levée du frein à l’endettement pour les dépenses militaires supérieures à 1 % du PIB. Ensuite, un fonds spécial de 500 Md€ sur 12 ans pour financer la rénovation et le développement des infrastructures. Ce plan devrait surtout monter en puissance en 2026 et 2027.
- Sur le plan conjoncturel, la trajectoire de l’économie américaine paraissait encore incertaine en début d’année avec des signes d’essoufflement de la consommation mais des créations d’emplois encore fortes en mars. En Europe, l’activité reste molle mais l’industrie paraissait moins affectée, alors que l’inflation se rapprochait encore de la cible de la BCE. En Chine, les signaux conjoncturels étaient plutôt encourageants en début d’année. Au Japon, la principale question porte sur la politique monétaire : comment la Banque du Japon va-t-elle adapter sa politique monétaire alors que les hausses de salaires devraient rester fortes cette année ?