La résilience de l’activité interroge sur les perspectives d’inflation - L'ActuEco de mars 2023

L’année 2023 a plutôt bien commencé s’agissant du développement de l’activité. En zone euro, les indices de climat des affaires ont poursuivi leur lent redressement en février, indiquant notamment un raffermissement de la demande dans les services. Il en est d’ailleurs de même au Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, le mois de janvier a été marqué par une dynamique toujours positive pour le revenu des ménages, facteur de soutien à leur consommation. Enfin, sous l’effet du desserrement de l’étau des contraintes sanitaires, l’économie chinoise se ravive.

  • #Etudes économiques
Lecture 2 min
  • Cette résilience de l’activité peut surprendre dans un contexte de resserrement monétaire très marqué. On le sait, des contre-forces sont à l’oeuvre depuis plusieurs mois (soutien budgétaire en Europe sous différentes formes face à la crise énergétique, consommation de la surépargne Covid outre-Atlantique). Par ailleurs, les prix de l’énergie se sont nettement détendus depuis l’automne dernier même si la diminution drastique des achats européens à la Russie a perturbé le marché mondial du pétrole (avec des tensions sur les produits raffinés en début d’année qui semblent s’apaiser) et du gaz alors que des effets retardés sur les contrats sont encore source de renchérissement des prix finaux aux utilisateurs, en particulier du côté des entreprises. Enfin, la réouverture de l’économie chinoise contribue à la normalisation des chaînes de production dans l’industrie. Cela n’a pas occasionné une hausse du coût du transport mondial qui au contraire est quasiment normalisé alors que la poussée des prix des matières premières industrielles observée au tournant de l’année ne s’est pas prolongée ces dernières semaines.
  • Le revers de la médaille de cette évolution plutôt favorable de l’activité est qu’elle diffère probablement la normalisation de l’inflation. L’inflation sous-jacente a ainsi encore un peu augmenté en zone euro en février. Les prix alimentaires continuent à accélérer : ce secteur intègre toutes les hausses d’intrants et de coûts des derniers mois : matières premières agricoles, énergie, transport, salaires. Aux-Etats-Unis, le marché du travail demeure toujours très tendu. Dans ce contexte, les investisseurs ont eu tendance à revoir à la hausse les cibles des taux directeurs « terminaux » des grandes banques centrales (proche de 5,5 % aux Etats- Unis et de l’ordre de 4,5 % pour le taux de refinancement en zone euro). L’horizon du pic du resserrement monétaire est toujours fixé à mi-année. Mais une baisse au second semestre est une hypothèse qui n’est plus retenue aujourd’hui. Cela a conduit à un relèvement des taux d’intérêt à long terme depuis la mi-janvier. Le Japon reste pour l’instant une exception dans cet univers monétaire, le nouveau gouverneur ne semblant pas vouloir infléchir à court terme la politique monétaire malgré les pressions inflationnistes persistantes.

Actualités associées