Nuages ou éclaircies en 2023 ? L'ActuEco de janvier 2023

L’année 2022 a été caractérisée par un choc géopolitique majeur (la guerre en Ukraine) et une crise énergétique dont l’impact peut être rapprochée du 1er choc pétrolier au début des années 1970. Il en est résulté une envolée de l’inflation, qui a conduit à un resserrement monétaire à marche forcée.

  • #Etudes économiques
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  • Deux facteurs ont cependant permis d’amortir jusqu’ici les effets négatifs de ces chocs. Outre-Atlantique, les ménages ont continué à consommer en puisant dans l’épargne accumulée lors de la crise Covid. En Europe, les gouvernements ont tenté de limiter l’impact de la crise énergétique sur les ménages et les entreprises par diverses mesures, pour un montant total d’environ 600 Md€ (selon l’institut Bruegel), soit près de 4 points de PIB.
  • Ces derniers mois, la bonne nouvelle est que les pressions inflationnistes semblent se tempérer. C’est vrai du côté des prix des matières premières (même si leur niveau reste globalement sensiblement plus élevé qu’avant la crise sanitaire), avec récemment une détente spectaculaire du prix du gaz sur le marché de gros européen. C’est vrai aussi des contraintes d’approvisionnement qui se sont nettement assouplies selon les chefs d’entreprise. Cela a un effet prix (le coût du transport maritime se rapproche des niveaux de 2019 après avoir été multiplié par 5) et un effet positif sur la production de certains secteurs (par exemple pour l’automobile européenne qui souffrait d’une pénurie de composants électroniques). La hausse des prix à la production sur un an tend ainsi à refluer rapidement, y compris en zone euro même si son niveau demeure très élevé. Le pic d’inflation est donc derrière nous (sauf nouveau choc externe), ce qui est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages, avec quand même une spécificité pour la France où les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité sont relevés début 2023. Pour autant le retour vers les cibles d’inflation des banques centrales prendra du temps. D’une part, les entreprises vont continuer à répercuter dans leurs prix de vente les hausses de coûts passés. D’autre part, les hausses de salaires vont intégrer progressivement, avec un effet amorti, la hausse de l’inflation des derniers mois alimentant ainsi encore un peu plus les coûts des entreprises. 
  • Les indicateurs économiques montrent toujours une certaine résilience. Les indices de climat des affaires se sont même légèrement améliorés en zone euro fin 2022.  Il reste que les effets du resserrement monétaire en cours, et de son corollaire qui est la remontée spectaculaire des taux longs, sont à venir. Aux Etats-Unis, le marché immobilier montre déjà des signes évidents d’affaiblissement.
  • Reste une inconnue de taille qui est la situation sanitaire en Chine. Face aux protestations, le gouvernement chinois a abandonné sa politique de zéro-Covid. Tous les témoignages convergent pour indiquer que le nombre de cas a explosé ces dernières semaines. A terme, la réouverture de l’économie aura un effet positif sur l’activité. Mais dans un premier temps la vague épidémique pourrait de nouveau être un effet perturbateur (montée de l’absentéisme, réintroduction de nouvelles contraintes ?). D’autant que les autorités doivent faire face à une crise immobilière qu’elles ont essayé de contenir en demandant aux banques d’injecter des liquidités dans le secteur.

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