Les banques centrales en font-elles trop ?

Au cours du mois de septembre, les grandes banques centrales (et les plus petites aussi d’ailleurs comme la Banque de Suède qui a augmenté son taux directeur de 100 points de base…) ont nettement durci leur politique monétaire (à l’exception de la Banque du Japon) tout en annonçant des trajectoires de resserrement encore plus marquées qu’attendu pour les mois à venir.

  • #Etudes économiques
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  • Cela a fortement pesé sur les marchés financiers, avec un net recul des Bourses et une remontée prononcée des taux d’intérêt des emprunts d’Etat qui ont dépassé leur pic de la mi-juin. Pourtant, si les économies ont plutôt bien résisté jusqu’ici à tous les vents contraires auxquels elles ont dû faire face, les mois qui viennent s’annoncent plus difficiles, comme en témoignent l’effritement des enquêtes de conjoncture et les prévisions récentes des organismes internationaux comme des institutions privées. Faut-il en déduire que les banques centrales sont en train de sous-estimer le ralentissement à venir, alors qu’un ralentissement de l’économie est normalement susceptible de calmer les pressions inflationnistes ?
  • Cela pose la question de savoir si le pic d’inflation est passé. La réponse est sans doute positive outre-Atlantique, en lien avec la détente de tensions pour certains biens et services et le reflux du prix du pétrole au cours des derniers mois. Mais le marché du travail est encore tendu et la hausse des salaires ne se modérera que lorsque le taux de chômage sera significativement remonté, ce qui peut prendre plusieurs mois. Par ailleurs, l’effet de diffusion sectorielle peut aussi s’étaler dans le temps. L’inflation peut donc ralentir mais en restant encore pendant un certain temps au-dessus de l’objectif de la Fed. En Europe, la problématique du prix du gaz et de l’électricité sera cruciale. Les gouvernements ont mis beaucoup d’argent sur la table pour protéger les ménages et les entreprises (de l’ordre de 3 % du PIB selon certaines estimations, avant le « package » allemand annoncé récemment). Mais pour les pays comme la France qui ont opté pour un quasi-gel des tarifs (pour les ménages surtout), l’an prochain sera marqué par des hausses importantes, pour les ménages mais aussi pour les entreprises. Ces dernières tenteront naturellement de passer ces hausses de coûts dans leurs prix de vente.
  • Malgré tous les aléas économiques et géopolitiques qui entourent les mois à venir, il est sans doute probable que les banques centrales attendent un net ralentissement de l’activité pour tempérer leur resserrement monétaire voire se donner la possibilité d’inverser la vapeur dans le courant de l’an prochain si nécessaire. Mais à court terme, elles n’ont pas trop le choix la principale motivation des banques centrales pour augmenter leur taux directeur est surtout d’éviter que les agents économiques finissent par anticiper une inflation durablement supérieure à leur cible de moyen terme, ce qui leur ferait perdre la main.

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