- Les taux d’intérêt à long terme qui avaient connu une vive hausse depuis le début de l’année ont alors reflué, ce qui a soutenu les Bourses. Ces dernières semaines, les grandes banques centrales ont invalidé ce scénario. Face à une inflation toujours très élevée, bien supérieure à leur cible de moyen terme, elles ont opté pour un discours de fermeté qui devrait être suivi par une nouvelle hausse musclée des taux directeurs de la Fed, de la BCE et de la Banque d’Angleterre lors des réunions de septembre. Cela a eu pour effet d’enclencher un ressaut des taux longs et de déprimer les Bourses. Les banques centrales veulent absolument éviter que les hausses très vives des prix des derniers mois ne se prolongent trop longtemps conduisant alors à une perte de contrôle des anticipations de prix, quitte à peser sur la croissance économique.
- Certes, sous l’effet principalement d’une détente du prix du pétrole durant l’été, l’inflation a semblé avoir touchée récemment un pic pour certains pays (Etats-Unis, plusieurs économies émergentes). Mais les banques centrales considèrent, à juste titre, que les effets de diffusion des chocs passés, y compris sur les salaires, prendront du temps à se résorber.
- Les vents contraires sur la croissance mondiale continuent à être nombreux. Le rebond chinois attendu après la mise en oeuvre de contraintes sanitaires très dures au printemps a été décevant jusqu’ici. La persistance de la politique de zéro Covid, les conditions climatiques et les difficultés du secteur immobilier pèsent sur la croissance. Cela contraint la banque centrale à assouplir sa politique monétaire sans que cela ne dope véritablement le crédit pour l’instant. En Europe, la question du gaz russe constitue toujours une épée de Damoclès, entraînant le prix du gaz vers des sommets avec dans son sillage le prix de l’électricité. Malgré une reconstitution des stocks de gaz à l’approche de l’hiver, les gouvernements ne sont pas sereins, redoutant une rupture totale des approvisionnements russes qui les contraindrait à envisager des mesures de rationnement pesant sur l’activité.
- Outre-Atlantique, le PIB s’est encore légèrement contracté au 2ème trimestre. La dynamique du marché du travail est pourtant restée très positive. Les enquêtes de conjoncture ont plutôt fléchi cet été, avec surtout une nette dégradation dans les services. A noter que le durcissement de la politique monétaire commence à mordre sur le marché immobilier, comme en atteste le net recul de l’investissement des ménages au 2e trimestre.
- Fait notable, la croissance mondiale aurait été au total quasiment nul au 1er semestre, la contraction du PIB au 2ème trimestre effaçant la progression modérée observée au 1er trimestre. Cela a pesé sur les prix des matières premières et cela commence aussi à se voir dans les tensions sur les capacités de production qui se font moins prononcées depuis quelques mois. On peut y voir un mauvais signal pour l’activité. Mais cela peut aussi contribuer à tempérer les pressions inflationnistes, ce qui aiderait les banques centrales dans leur lutte contre l’inflation et leur éviterait peut-être à terme de monter trop durement leurs taux directeurs.