Conférence « Big Data and Artificial Intelligence in Banking » : interview de Philippe Cuvelier

Une conférence consacrée à l’intelligence artificielle, intitulée « Big Data and Artificial Intelligence in Banking », s'est tenue le 7 juin 2019 au siège de La Banque Postale. A cette occasion, Philippe Cuvelier, Directeur des Systèmes d’information de La Banque Postale et du Réseau La Poste, y a expliqué le rôle de l’IA dans le Groupe La Banque Postale.

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Cette conférence était organisée par la Chaire Digitale que soutient La Banque Postale en partenariat avec l’école d’ingénieurs Télécom ParisTech, l’Université Panthéon-Assas et le groupement des cartes bancaires CB. Elle s'articulait autour de trois grands thèmes :

- Data, paiements numériques et analyse prédictive
- Intelligence artificielle dans la banque/assurance
- Blockchain et désintermédiation financière

Interview de Philippe Cuvelier, Directeur des systèmes d'information de La Banque Postale et du Réseau La Poste

 

« Pourquoi l’IA est-elle un sujet majeur dans la bancassurance ?
Les banques utilisent des données depuis des décennies pour mieux connaître leurs clients et maîtriser les risques financiers et réglementaires. La montée en puissance de l’IA est due à la formidable puissance de calcul de nouveaux outils capables de traiter des données internes et externes d’origine et de format très divers - textes, données vocales, images - avec des algorithmes de plus en plus performants et apprenants. La Banque Postale est très impliquée dans la réflexion sur le rôle de l’IA dans la bancassurance : elle est membre fondateur du Hub France IA où elle co-anime, avec la Société Générale, le groupe « banque et assurance ».

Dans quels domaines l’IA permet-elle de faire des progrès ?
L’IA permet tout d’abord de mieux connaître nos clients, analyser leurs besoins en fonction de leur situation personnelle (naissance, départ à la retraite) y compris au travers de signaux faibles, leur proposer des produits de plus en plus personnalisés par exemple dans le domaine de l’épargne, répondre à leurs attentes tarifaires, anticiper leurs insatisfactions éventuelles pour éviter leur départ. Ensuite, l’IA permet d’améliorer le contrôle des risques financiers et réglementaires, détecter les anomalies, lutter contre la fraude. Elle permet enfin d’automatiser certaines actions répétitives au travers du RPA (Robotic Process Automation).

 


« Une centaine d’experts « data » accompagnent les métiers sur les deux axes majeurs évoqués, le contrôle des risques d’une part et la connaissance client d’autre part. »

Que fait La Banque Postale en termes d’IA ?
Une centaine d’experts « data » accompagnent les métiers sur les deux axes majeurs évoqués, le contrôle des risques d’une part et la connaissance client d’autre part. La Banque Postale utilise par exemple des modèles statistiques pour affiner la décision d’octroi de crédit, identifier les niveaux de risques de ses clients, prévoir l’attrition des clients ou « churn » et aider dans la préparation des entretiens client. L’IA permet aussi d’améliorer le service après-vente avec des agents conversationnels, dits chatbots, qui reconnaissent la voix et le texte. La Banque Postale, avec le 3639, reconnait désormais le langage naturel. Une utilisation SI est également prévue pour traiter de manière prédictive les incidents et d’en réduire éventuellement le temps de remédiation. C’est une contribution précieuse à la qualité de service.

Au-delà des recherches actuelles centrées sur le client, l’IA peut apporter beaucoup dans le domaine des ressources humaines, pour faire davantage coïncider par exemple le parcours professionnel des collaborateurs avec les besoins de compétences et les offres d’emploi. L’IA est également inscrite comme sujet dans le dialogue social et fait partie du parcours de formation : I’Académie de La Banque Postale propose à tous les collaborateurs des ateliers de découverte de différentes pratiques liées à l’IA : algorithme génétique, machine learning, deep learning, traitement du langage naturel.

Quels sont les points de vigilance particuliers à l’égard de l’IA ?
Comme pour toute évolution technologique, l’IA appelle une vigilance accrue dans ses usages. Il faut identifier notamment de nouvelles formes de contrôle et de validation des résultats, ce qui est très complexe sur des systèmes faisant l’usage de machine learning. Nous travaillons sur ces sujets avec le régulateur.  Même si, au final, l’IA propose une automatisation d’action ou de schémas de pensée, elle change le rapport entre les hommes et les systèmes informatiques. Ce point est complexe et fait appel à l’expérimentation, aux sciences comportementales, à l’éthique.

L’IA met en lumière d’autres risques relatifs concernant le rapport entre les organismes financiers et leurs sous-traitants acteurs du numérique. Le décalage de compétences technologiques risque de croître entre les deux parties. Les autorités de tutelle sont vigilantes sur les règles encadrant l’externalisation de « services essentiels ». Ce sujet est important pour La Banque Postale, très attachée comme Le Groupe La Poste à son rôle de tiers de confiance. »